May 28, 2019
Le Bon Marché se met à l'heure de Brooklyn
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Jusqu’au 17 octobre, le Bon Marché présente une autre facette du district new-yorkais à travers une sélection d’objets (mode, beauté, alimentation...) où le « fait main » l’emporte sur la surconsommation.
Jusqu’au 17 octobre, le Bon Marché présente une autre facette du district new-yorkais à travers une sélection d’objets (mode, beauté, alimentation...) où le « fait main » l’emporte sur la surconsommation. En ce moment Pour l'été, les mini-montres s'imposent en maxi tendance Mini-montres, la maxi tendance estivale Faites le test autour de vous : à peine aurez-vous prononcé le nom de « Brooklyn » que l’on vous rétorquera « hipster ». Avec, sans doute, une pointe de dédain dans la voix. Voilà toute la difficulté du Bon Marché Rive Gauche, qui, après le Brésil et le Japon, a décidé de consacrer son exposition de rentrée à « la ville la plus cool des États-Unis ». Redorer les images éculées de Williamsburg et de Bedford, montrer l’artisanat local et réhabiliter l’âme de ce personnage avec « sa casquette, ses grosses lunettes et sa barbe fournie » entré dans le dictionnaire français en début d’année (Petit Robert). « Brooklyn est devenu un argument marketing, beaucoup de labels surfent sur la vague et écrivent ce nom sur leurs packagings, un comble quand on sait que la plupart des initiatives là-bas s’inscrivent dans le refus du logo et de la surconsommation, souligne Jennifer Cuvillier, directrice du style du grand magasin. Il fallait des objets vus nulle part ailleurs et à même de parler à notre clientèle.
Dans les rayons du Bon Marché, jusqu’au 17 octobre, chacun pourra donc se fournir en bonnets (tricotés à la main sous l’étiquette Lynn & Lawrence) mais aussi en savons artisanaux de la marque S.W. Basics of Brooklyn, en cornichons vinaigrés (Brooklyn Brine). Qui osera prendre rendez-vous avec le tatoueur star Scott Campbell, installé pour l’occasion dans un salon au premier étage ? « Brooklyn est un concentré de la culture new-yorkaise contemporaine. Avec plus d’espace et encore plus de liberté. Le brassage des communautés engendre une grande audace, notamment vestimentaire, raconte celui à qui l’on doit les tatouages de Marc Jacobs, Jennifer Aniston et Sting. Contrairement à l’image que l’on s’en fait, il n’y a pas qu’un style à Brooklyn.
Passer de main en main
Mais le Brooklynite, comme on l’appelle outre-Atlantique, avec ses chemises de bûcheron, ses avant-bras tatoués et son Fixie (un vélo à pignon fixe), existe bel et bien. En revanche, la silhouette féminine est plus difficile à définir. « Ici, les femmes changent de style tous les jours : le lundi, elles sont en costume et baskets, le mardi dans des vêtements colorés et brodés à la main et perchées sur des talons hauts… Elles ne sont pas accros aux tendances », assure Ulla Johnson, jeune créatrice basée à Brooklyn. Même son de cloche chez son voisin Yune Ho : « La diversité des communautés de la ville impose une multitude de looks, mais j’ai un faible pour la dégaine oversized de garçon manqué. » Les deux jeunes designers font partie de la sélection du Bon Marché Rive Gauche, ils s’accordent également sur l’importance de l’artisanat dans leur identité de marque. « Le “fait main” véhicule de l’émotion, même dans un vêtement, et cela caractérise le “made in Brooklyn”, poursuit Ulla Johnson. Nos créations sont vouées à passer de main en main, à être transmises. Les artisans d’ici, tous domaines confondus, militent pour une fabrication éthique, “made with time, care and love”.» Comprendre « faite avec du temps, de l’attention et de l’amour.
Créateur, boucher, charpentier
Lucien Zayan, directeur de The Invisible Dog, s’agace de l’association systématique entre hipsters et Brooklyn. « L’image folklorique et touristique prédomine à l’étranger, mais la réalité est autre. Promenez-vous du côté de Brighton Beach au sein de la communauté russe, je vous assure qu’il n’y a ni tatoués ni barbus ! Pour manger végétarien ou sans gluten, il faut gagner beaucoup d’argent.
Depuis 2008, ce Français installé à Boerum Hill a fondé dans une usine de confection à l’abandon une résidence d’artistes - vidéastes, peintres, photographes - de toutes nationalités et un lieu de vie culturel. L’homme connaît Brooklyn mieux que personne et ne boude pas son plaisir à raconter le pourquoi du comment. « En 2008, la crise a mis sur le tapis de nombreux banquiers. Ils ont tout perdu, déserté les appartements aux loyers exorbitants de Manhattan pour s’installer de l’autre côté de la rivière. Ils voulaient redonner un sens à leur vie, apprendre un vrai métier : boucher, charpentier… » Exemple typique, Rachel Winard, violoniste lassée de la folie new-yorkaise, s’improvise au début des années 2000, dans sa cuisine, créatrice de produits cosmétiques. Soapwalla, sa gamme entièrement naturelle aux packagings fifties, est aujourd’hui vendue un peu partout dans le monde (à Paris, chez Colette et désormais au Bon Marché). « On trouve bon nombre de savons et de soins pour le visage et le corps dans ce genre-là à Brooklyn, note Sylvie Ganter, cofondatrice de la marque de parfums française Atelier Cologne, implantée là-bas. C’est une façon de consommer “local”, dont les habitants de Brooklyn sont les pionniers. Et ils s’avèrent plutôt chauvins… sauf lorsqu’il s’agit de parfumerie : ils adorent les fragrances “made in France”. N’y voyez pas de snobisme mais un goût pour le savoir-faire et, toujours, un profond désir d’authenticité.» Ce mode de consommation s’est déjà exporté au-delà des frontières du district, et même du pays de façon spontanée. Il devrait faire écho jusqu’à la rive gauche, à Paris.
Bon plan
Et pour vous imprégner totalement de l’atmosphère new-yorkaise, découvrez la nouvelle boîte beauté « Brooklyn Rive Gauche » créée par Madame Figaro et Le Bon Marché Rive Gauche . À l’intérieur, retrouvez l’essentiel des produits qui composent la trousse beauté d’une fashionista New-Yorkaise digne de ce nom. Soigneusement sélectionnés, ils conviendront à toutes vos envies beauté tout au long de la journée.